Des joyeux papys, bérets sur la crâne et clope au bec, on dirait la description du Buena Vista Social Club mais ne vous y méprenez pas, El Tanbura n'aime pas cette comparaison. Pourtant munis de textes contestataires et une capacité hors-norme à faire danser les foules tout y est. Zakaria Ibrahim en est le fondateur, auteur-compositeur et chef d’orchestre de cet ensemble de musique folklorique en ce moment en tournée en France.
Cinq dates qui les ont amené à Dijon, dans le cadre de GéNéRiQ, La Courneuve, Brest et Limoges, pour finir à Paris, à l’Institut du monde arabe (IMA), aujourd'hui, 1er décembre. Dans une Egypte tourmentée en proie à une deuxième révolution alors que la première n'est pas terminée, c'est en héros qu'ils avaient été accueilli sur la désormais célèbre place Tahrir lors des manifestations de janvier et février 2011 faisant chuter le gouvernement de Moubarak. Le groupe se produit désormais à travers le monde, de l’Australie au Canada, de la Grande-Bretagne au Mali. La presse étrangère les idolâtre Quant à la musique et les danses folkloriques dont ils sont devenus les dignes représentants, elles sont désormais connues de tous les Egyptiens et enseignées dans plusieurs villes du pays.
A force de persévérance et sur ses propres deniers, il réunit joueurs de semsemya et vieux maîtres de chants soufis vivants à Port-Saïd. Le 23 décembre 1988, El Tanbura voit le jour. Des années plus tard, l'objectif est atteint pour Zakaria Ibrahim qui a consacré sa vie à faire renaître le chant et les instruments traditionnels qu’il continue de promouvoir avec ses autres groupes, Nubiens du sud de l’Egypte ou Bédouins du Sinaï. Sur scène, chanteurs, danseurs, joueurs de lyre, de percussions ou de triangle intervertissent les rôles et les instruments avec une facilité déconcertante. Les membres du groupe se succèdent au micro dans des registres très variés. Tantôt comique, lorsque Morsi ~curieuse coïncidence , le plus dodu de la bande, se prend pour une danseuse du ventre et fait rouler ses bourrelets devant un public hilare. Grave aussi, quand Mimi entonne solennellement un chant patriotique.
Au fil des années, El Tanbura s'est composé, décomposé, recomposé mais a gagné une notoriété qui lui vaut aujourd'hui d'être présent sur tous les fronts dans un Egypte encore mal cicatrisée.
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